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Chapitre 3

Nos compagnons Tothan, Tauriel et Dollyth

 

 

La soirée s’achève, chacun rentre chez soi se reposer, à l’exception de nos amis qui ont bien du mal à se quitter.

Souvenez-vous, nos trois compères ont conclu un pacte : ne jamais se séparer…

Tothan est content d’avoir deux nouveaux copains. Oups, excusez-moi, amis, une fée et un dragon ! C’est plutôt super chouette !

Très coquette, Tauriel se refait une beauté avant de retrouver ses complices. Elle s’enroule dans une feuille d’érable et à l’aide d’une brindille d’herbe fraîchement coupée, bâtit les côtés pour tenir l’ensemble. Elle rajoute une feuille de roseau en guise de ceinture et agrémente sa tenue d’un bouton de rose, puis enfile des bottes légèrement duvetées couleur noisette.

L’érable symbolise l’indépendance et la liberté, le choix de Tauriel, pour sa tenue, n’est donc pas innocent.

Il faut savoir que les fées ont un rythme de sommeil décalé. En effet, pendant que les uns dorment, bien souvent, nos tendres fées partent en vadrouille.

Elle retrouve Tothan en pleine discussion avec Dollyth.

  • Non, je t’assure, je ne peux pas te donner une écaille, qu’en ferais-tu ? Il faut qu’elle tombe toute seule et ensuite tu pourras l’avoir. Mais je les perds rarement, très rarement… En plus, elles sont extrêmement dures et coupantes. Quelle drôle d’idée ! Imagine que je te demande de me donner quelques taches de rousseur ? Eh bien, tu vois c’est stupide !

  • Okay, répond Tothan piqué au vif. Comme tu veux ! Dommage, parce qu’elles sont belles tes écailles. Je les aurais bien accrochées à ma ceinture, comme trophée ! Un superbe trophée de dragon !

  • Eh bien moi, rétorque Dollyth. Je prendrai tes taches de rousseur et les mettrai dans ma poche. Quand, il fera noir, je les jetterai dans le ciel en guise d’étoiles !

 

Cela commence, bien, s’exclame Tauriel. Super ! Qui va tenir tête à l’autre ? Ce sont bien des garçons !

 

Mais ne vous y fiez pas, ces trois-là s’entendent comme larrons en foire. Ils se découvrent, prennent leurs marques et plus rien d’autre n’existe !

 

Tothan aime ses nouveaux amis. Il a le sentiment de les avoir toujours connus.

 

Il adore ce côté garçon manqué de Tauriel malgré sa très grande coquetterie. Il aime aussi Dollyth, qu’il trouve malicieux et calme. Il perçoit leur fidélité et leur grande soif de découverte. Et cela lui convient bien, car il raffole des voyages ! Et puis partir en balade en compagnie d’amis est bien plus sympa que seul.

 

Aujourd’hui, Tothan a donné rendez-vous à ses compères, à 4 heures du matin, pour la visite de son terrain de jeu, comme il l’appelle. En réalité, c’est une vaste étendue qui englobe la forêt, la campagne, les ruisseaux et les alentours du village.

 

À cette heure-là, tout est calme. La nature ainsi que les animaux de la forêt s’éveillent peu à peu et le lever du soleil est magnifique.

 

Ils se mettent en route mais ignorent qu’au loin une armée de rebelles est partie en guerre.

Telle une épidémie, les Virus ont décidé, une bonne fois pour toute, de décimer les Bactris, leurs ennemis depuis toujours. Toute la région de Virolât est en alerte. Plus personne n’ose s’aventurer dans la forêt, de crainte de subir les foudres de ce peuple irascible.

 

Heureux d’être ensemble, nos trois amis ne s’intéressent pas à leurs voisins. Ils partent courir au plus profond de la forêt.

 

Tauriel papillonne gracieusement de fleur en fleur, d’arbuste en arbuste, s’amusant de l’allure malhabile des garçons. Ils sont contraints d’escalader les arbres, de gravir les petites collines ou bien de traverser les rus. Elle rit beaucoup.

 

Dollyth ne veut pas utiliser ses ailes, car les branches des arbres sont trop basses. Il devrait voler au-dessus de leur cime et, dans ce cas, s’éloigner de ses amis. Alors, il suit sagement mais lourdement Tothan dans son escapade.

 

Ils arrivent enfin au cœur de la forêt, à la limite de leur terrain de jeu. Or, le quota d’énergie de Tothan est épuisé et il s’écroule soudain dans un profond sommeil.

 

Tauriel et Dollyth se figent, se dévisagent et grimacent ! Encore jeunes et sans expérience, ils se sont laissés surprendre. Ils n’ont pas senti qu’un changement s’opérait chez Tothan. À présent, il est allongé là et dort.

  • Bien ! Bien ! nous y voilà, il faut protéger Tothan ! pense Dollyth.

 

Tauriel virevolte autour de Tothan.

  • Que faire d’autre ? Mince, il s’effondre sans prévenir. Nous devrons être attentifs à l’avenir ! Combien de temps Tothan peut-il dormir ? Bien, protégeons-le et attendons !

 

Pendant ce temps-là, les Virus pistent les Bactris.

 

Un peu d’histoire…

 

Virolât est une poche de verdure surmontée par le mont Chaud, une montagne entourée d’une rivière.

 

Sa population s’est fait connaître grâce à une grande famille, les Mi-Krob. Peu à peu, et à la suite d’aléas et de brouilles, elle se sépara en trois peuples distincts : les Leu-Vhure, peuple discret et autonome, les Bactris et les Virus.

 

Depuis quelques décennies, les Virus et les Bactris se font la guerre pour régner en maître sur l’ensemble du territoire de Virolât. Au delà la dispute au sujet des terres, rappelez-vous, … une rancœur nourrit les Virus vis-à-vis des Bactris, leur taille ! Le Virus est beaucoup plus petit qu’une Bacris. Et cela le Virus ne le supporte pas !

 

Ensemble, les Bactris ne sont pas nuisibles. Néanmoins, quelques membres de la famille peuvent l’être. Devant l’agression fulgurante des Virus qui, aux yeux des Bactris, est considérée comme un crime de lèse-majesté, elles décident d’aller quérir le chef des Bactris de la famille Coque, Stafilo.

 

En peu de temps, Stafilo Coque réussit à lever une compagnie de Bactris pour en découdre avec les Virus.

  • Mais pour qui se prennent-ils ? Si minuscules soient-ils, ils pensent sincèrement réussir à nous faire disparaitre ? Pfft ! Si nous ne sommes pas assez nombreux, j’appellerai mon cousin Strepto. À nous deux, nous serons les rois de la forêt !

 

Dominé par la colère, Stafilo Coque s’enfonce dans la forêt à la recherche de l’ennemi. Pensant avoir de l’avance sur les Virus, les Bactris espèrent les prendre à revers. Mais, malgré la puissance machiavélique de Stafilo Coque, ceux-ci foncent tout droit dans un piège. En effet, les Virus, la veille de l’affrontement s’était cachés dans la forêt.

 

Pendant ce temps là…

 

Nos deux amis sont inquiets. Ils ont repéré des mouvements en lisière de forêt et réalisent qu’une bataille va se livrer. Tauriel pense qu’en s’enfonçant plus profondément dans la forêt ils échapperont au danger. Mais, par delà les buissons elle repère des soldats cachés dont l’origine lui est inconnue.

  • Dollyth, nous sommes bloqués. Regarde nous sommes entourés de soldats !! s’exclame Tauriel

 

Tothan est profondément assoupi, sous les regards inquiets de ses amis. Le danger s’approche !

  • Comment protéger Tothan ? Comment nous protéger ?

 

Dollyth et Tauriel mettent Tothan à l’abri, l’installant au pied d’un jeune chêne. Très inquiets, ils scrutent les alentours.

  • Surveillons l’arrivée des soldats et attendons ! dit Tauriel.

  • Mais attendre quoi ? demande Dollyth, tremblant et peu rassuré pour un dragon ; se faire massacrer par les envahisseurs ?

 

Nos deux amis cherchent un moyen d’échapper aux combattants en tournant la tête dans tous les sens.

  • Comment porter Tothan ? il est trop lourd ! Nous n’arriverons pas à l’éloigner de cet endroit. Nous faisons de biens piètres protecteurs ! se lamente Dollyth.

  • Ecoute Dollyth, pour le moment, il ne nous est rien arrivé ! rétorque Tauriel. Restons concentrés sur ce qui se passe ! Pourquoi ne pas demander de l’aide à nos amis de la forêt ?

  • D’accord ! Il n’empêche, je te le redis, insiste Dollyth,  que nous faisons de piètres compagnons  si nous devons demander de l’aide à chaque instant !

  • Parfois, il faut mettre sa fierté de côté, dit Tauriel d’une voix sage, et savoir à quel moment il est temps de demander de l’aide. Ne crois-tu pas ?

  • Ok, tu as raison, faisons le vite, car j’entends du bruit !

 

Malheureusement piégés, ils se retrouvent en plein milieu du combat et n’ont plus aucun moyen de battre en retraite.

 

Devant le danger imminent, Tauriel se saisit de sa baguette et la tient devant elle comme une épée, prête à protéger Tothan coute que coute. Dollyth, quant à lui,  tente de cracher du feu sans se brûler. Mais l’ennemi approche, alors nos deux amis se placent devant Tothan toujours endormi.

 

La bataille s’engage entre Virus et Bactris. C’est un combat effroyable et nos trois amis risquent fort dans la confusion d’être des victimes innocentes.

 

Constatant que la situation devenait très risquée, le jeune chêne, auprès duquel Tothan dormait, décida de prendre les choses en main. Il avertit le roi-Chêne qui surgit dans un bruit effroyable, couvrant celui de la bataille ; ses racines sortirent de terre, créant ainsi une barrière de protection entre les belligérants et nos trois amis. Les branches et les racines du roi-Chêne puisèrent leur force du ciel et de la terre pour se rejoindre et créer une bulle de protection mettant nos amis hors de danger. Ce tohu-bohu n’eut pas l’air de déranger les ennemis tant ils étaient occupés à leurs querelles stériles.

 

Au bout de quelques heures, le combat prit fin, faute de combattants. Les survivants se retirèrent pour panser leurs blessures aussi bien physiques que psychiques. Rien n’était réglé, mais  de cela

 

c’est une autre histoire.

 

Voyant le danger s’éloigné, le roi-Chêne déposa délicatement Tothan, Tauriel et Dollyth, sur un parterre de mousse. Tothan reprit doucement connaissance. Regardant autour de lui ainsi que ses amis, il s’étonna du désordre alentour et ressentit une émotion l’envahir, un mélange d’angoisse et de consternation.

 

Heureux de retrouver leur ami, Tauriel et Dollyth s’empressèrent de lui raconter les événements.

 

Le roi-Chêne, quelque peu ombrageux, prit la parole.

  • Ho là là ! les petits ! Ce qui vient de se passer aurait pu être plus grave ! Et vous trouvez cela rigolo ! Mais réalisez-vous que si je n’avais pas été là, vous auriez pu disparaître ou être tués ! Pensez-vous qu’il y aura toujours quelqu’un pour vous sortir de l’embarras ? Vous ne prêtez aucune attention aux choses qui vous entourent. Tothan, trop content de faire visiter ton espace, tu emmènes tes amis dans des lieux dangereux. Quant à vous deux, Tauriel et Dollyth, rappelez-vous, vous êtes censés avoir un peu plus de plomb dans la cervelle ! Au lieu de cela, sans réfléchir, vous suivez votre ami n’importe où ! Depuis déjà plusieurs lunes, une guerre s’annonçait entre les Virus et les Bactris. Et la première chose que vous faites, c’est de vous enfoncer au cœur même de la bataille. Croyez-vous être seuls sur terre ? Tothan, tu es autant responsable de tes amis que de toi-même et l’inverse est vrai aussi ! J’espère que vous avez compris et que dorénavant vous ferez attention !

 

Tout en leur parlant, le roi-Chêne dévisageait nos amis déconfits d’avoir tant manqué de jugement. Sitôt son discours terminé, le roi-Chêne reprit le cours de sa vie, accompagné par nos tendres dryades voletant autour de lui en bavardant telles des pies.

  • Ah, dis donc, tu as vu comment le roi-Chêne les a remis à leur place, nos héros de pacotille !

  • Bien, en fait, il a eu raison. S’il n’avait pas été là, Stafilo Coque les aurait écrasés comme des mouches.

  • Vous avez fini, vilaines commères ! Je crois, qu’ils ont eu bien peur ! Alors n’en rajoutez pas !  gronda le roi-chêne.

 

À leur retour, nos comparses furent accueillis par des parents très en colère, à la hauteur de la frayeur ressentie. Pépito et Mamita leurs firent subir foudres et remontrances pour mieux les prendre dans leurs bras, trop contents de les revoir sains et saufs.

 

Dès lors, nos trois amis décidèrent de devenir plus adultes.

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